La confiance enseignant-élève, facteur essentiel de réussite
L’importance de la relation de confiance enseignant-élève dans la motivation relève du bon sens et de l’observation.
Le renouveau pédagogique annoncé par la réforme du collège valorisant l’apprentissage plutôt que la maîtrise de contenus, et s’intéressant à l'enfant et pas seulement à l'élève, redonne toute sa place à la relation de confiance.
C’est l’occasion de relire des études[1], notamment québécoises, mettant en avant la qualité de la relation enseignant-élève comme facteur de réussite scolaire chez tous les jeunes mais surtout chez ceux en difficultés.
La confiance est l’assurance qui vient de la conscience que l’on a de sa valeur. Envers autrui, elle présuppose un certain abandon à l’égard des décisions de l’autre. La confiance se construit dans le temps, suscitant des sentiments et des comportements. Elle se mérite, doit être réciproque, respectueuse et commence par la confiance en soi.
Le lien entre la confiance en soi et la confiance en l’autre, a été mis en valeur par les travaux d’Espinosa[2]. Ils montrent que pour l’ensemble des élèves, du primaire comme
du secondaire, la qualité de la relation pédagogique est fortement corrélée à leur sentiment de réussite ou d’échec, et donc à leur appréciation de l’école et d’eux-mêmes.
La qualité des échanges avec les enseignants apparaît déterminante. S’ils sont constructifs, encourageants et que l’enseignant manifeste de l’intérêt pour la personne de l’élève, alors les élèves ont une plus grande appréciation de l’école, une meilleure perception d’eux-mêmes et une plus grande assiduité scolaire.
A l’inverse, des échanges concernant uniquement la discipline enseignée et les résultats scolaires génèrent la perception d’un sentiment d’incompréhension et de jugement de la part de l’enseignant, une dévalorisation de l’école, une perception négative de soi et une démotivation, voire une frustration pouvant provoquer de la violence (violence verbale, physique, destruction de matériel).
Ces travaux confirment bien qu’une une approche centrée sur la personne serait plus efficace qu’une approche uniquement didactique.
Une étude qualitative[3] portant sur les perceptions des jeunes ayant des difficultés scolaires importantes et exclus des classes ordinaires montrent que ces derniers apprécient les relations maître-élève « justes » et « respectueuses » où l’enseignant fait preuve d’un « bon sens de l’humour », et qui « prend le temps », qui « va te regarder et t’écouter jusqu’au bout », qui est « capable d’encourager » et qui « motive » ses élèves.
Si ce type de relations est bénéfique pour tous les élèves, il s’avère d’autant plus important pour des jeunes ayant des difficultés scolaires compte tenu du manque de confiance en soi manifesté par ces derniers. Cette étude réaffirme l’importance de la confiance en soi de l’élève comme préalable à la confiance en l’autre. Il est donc essentiel de mettre en avant les réussites de l’élève, de mettre en œuvre des stratégies pédagogiques valorisantes.
Les attentes envers les enseignants sont grandes mais pour qu’ils puissent en être à la hauteur, il faut leur donner des outils pour mieux gérer les relations avec les élèves. La volonté de la réforme du collège de prendre en compte la personne au delà de l’élève doit s’accompagner d’un développement des formations consacrées aux compétences relationnelles, émotionnelles et communicationnelles.
Selon les mots de Najat Vallaud-Belkacem[4] « Le collège permettra à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir en donnant plus de confiance aux enseignants, plus de liberté pédagogique, plus de capacité d’adaptation aux besoins divers des élèves »
Tout est donc histoire de confiance : Pour que les élèves réussissent mieux, il faut qu’ils aient confiance en eux et en leurs enseignants. Pour cela, ils faut que leurs enseignants se sentent eux mêmes reconnus et en confiance !
Source :
« La relation enseignant-élève positive : ses liens avec les caractéristiques des enfants et la réussite scolaire au primaire » Hélène Desrosiers, Christa Japel, Pooja R. P. Singh et Karine TétreaultI
étude ait été menée au Québec l’Étude longitudinale du
développement des enfants du Québec (ÉLDEQ 1998-2010) conduite
par l’Institut de la statistique du Québec Juin 2012
http://www.jesuisjeserai.stat.gouv.qc.ca/pdf/publications/feuillet/ELDEQ_fasc6no2.pdf
[1] Deslandes, R., et Jacques, M. (2003). Entrée à l’éducation préscolaire et l’adaptation socioscolaire de l’enfant.
Rapport de l’étude remis à la Fédération des syndicats de l’enseignement. (étude menée, entre autres, auprès de 225 enfants de la maternelle, Deslandes et Jacques (2003) ont constaté que plus la relation élève-enseignant est positive aux yeux de l’enfant, plus il dit aimer l’école et moins il l’évite.
[2] Espinosa, G. (2003). L’affectivité à l’école. Paris : Presses universitaires de France.
[3] Deslandes R., Fournier H., Rousseau N.,(2009) La relation de confiance maitre élève : perception d’élèves ayant des difficultés scolaires
Université du Québec à Trois-Rivières MCGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 44 NO 2
(enquete auprès de 29 élèves de 15 à 18 ans en difficulté scolaire)
[4] Najat Vallaud-Belkacem, vendredi 17 avril, lettre à l’ensemble des enseignants de collège. http://www.education.gouv.fr/cid88120/reforme-du-college-lettre-de-la-ministre-aux-enseignants.html